dimanche 28 mars 2010

Un lit pour la douze! Chapitre 3/3

Troisième acte : quand dame nature s'y met.
La journée avait mal commencé, alors que depuis cinq mois, notre palmarès restait non sans fierté vide, j'ai du me résoudre à accepter l'insoutenable. Un Goanna (sorte de gros lézard de 80-120 cm) tenta une traversée de la route kamikaze juste au moment où nous arrivions plein tube. J'ai bien tenté une déviation de dernière seconde, mais le malheureux était trop avancé pour que je puisse l'éviter. Nous dûmes continuer la route le cœur gros -à l'instar de celui du lézard. Apparemment il fallait rattraper le temps perdu, car deux heures plus tard, c'est Cécile qui se fit bourreau d'un serpent aventureux... Pfff... On en est encore malade aujourd'hui. Enfin, c'est comme ça. Mais bon, cela mis de côté, revenons au sujet qui nous intéresse, nous voici donc au crépuscule de notre troisième étape, qui, nous l'espérons, va nous réconcilier avec le sommeil. Avide d'une douche et de la tranquilité pour dormir, nous avons quitté l'autoroute (entendez une nationale a une voie dans chaque sens), pour préférer un chemin de terre pour 4x4, afin de rallier le camping où nous logerons. Nous comptions sur 2-3 km de chemin, mais au bout de 35min, nous n'en étions toujours pas à bout. C'est dans le noir le plus total, après avoir scruté sur 40 km les bords du chemin des moindres vaches, wallabies et dingo susceptibles de se jetter sous nos roues que l'on frappa à la porte de la réception du camping. Ouf, on y est. Je ne vous redirai pas à quel point la chaleur, et l'humidité ont tôt fait de nous avertir que la nuit pourrait être longue. Néanmoins, après notre repas et notre douche salutaire, nous ne tardons pas à nous mettre au lit pour attendre que ce foutu marchand de sable nous en mette plein la vue. La chose arrive après deux trois heures très pénibles et nous profitons autant qu'on peut de nos songes tant attendus...
C'est alors que vers les trois heures du matin, je ne sais pour quelle raison, je me reveillai en sursaut (suite à un mauvais rêve je pense). En fait l'événement ne tient pas de mon réveil, mais bien de la suite. J'ouvre les yeux, et là, stupeur, devant moi se dresse de toute sa hauteur, un kangourou gigantor. D'abord surpris, je m'apercois que l'animal nous observe attentivement, le nez contre la moustiquaire que constitue la tente.
L'idée de me rendormir en etant l'objet du spectacle ne me ravit pas et je tente de mettre fin à la représentation en chassant l'intru d'un grand coup sur le côté de la tente. Une pâquerette sur un tank aurait eu plus d'effets. Le charmant ne bougea pas d'un cil. Intrigué, il se met à inspecter plus attentivement le contenu de la tente, à renifler, à attendre quelque chose que l'on ne compris pas.
Maintenant, Cecile (réveillé par mes grands gestes) est dans le coup, et après quelques veines tentatives de diversions pour écarter notre visiteur, nous décidons de l'aveugler avec notre lampe frontale (je tiens à signaler que le fait que la lampe soit frontale n'ajoute en rien à ce qui suit, c'est juste un état de fait). Malheur, je ne vis pas venir ce coup là. Plutôt que de s'écarter, horriffié par la lumière soudaine, le kangourou visiblement intrigué, tenta de s'approcher plus encore en posant ses deux pattes avant sur la moustiquaire et s'appuyant dessus. Il faut bien vous rendre compte de ce à quoi ressemblent des pattes antérieures de kangourou, si vous voyez "Shere Kahn" le tigre (cfr le livre de la jungle de Disney) déployant ses griffes devant Ka le serpent, vous n'êtes pas loin de la réalité.
Imaginez des lors une tente dôme avec un grand kangourou mâle (c'était indéniable) s'appuyant dessus, et à l'interieure de laquelle Cecile et moi aggrippons nos oreillers que nous brandissons contre la moustiquaire pour amortir les griffes du bestiau.

C'est dans ce moment de crise (je parle pour moi qui voyais déjà la tente en lambeaux), que Cécile me lance un : "Loulou, je dois faire super fort pipi!"
Ici, il faut ajouter un blanc.
"hein?!" dis-je incrédule.
"je sors, ça peut pas attendre"
Sur ce la voilà qui ouvre la tente comme si l'autre énergumène n'était pas là et s'en va, moi heberlué...
Le comble, c'est que le kangourou perd tout intérêt pour la tente et suit Cécile. De mon côté, après une minute de réflexion, je me dis que je devrais faire pareil, autant en profiter tant que notre geôlier n'est pas là. C'est en revenant que je découvre le kangourou à nouveau devant la tente, et Cécile en train d'attendre dans la voiture. Visiblement le coquin avait cru bon de jouer au garde du corps. Donc en revenant des toilettes, il avait suivi Cécile, celle-ci pour l'éviter avait tourné autour de la voiture une première fois, puis une seconde, mais toujours suivie et de plus en plus mal à l'aise, avait finalement pensé que m'attendre dans la voiture serait plus sécurisant. L'heure très matinale fait que je ne me souviens plus très bien comment nous sommes parvenus à ne pas nous retrouver à trois dans la tente, mais il s'en est fallu de peu. La photo ci-jointe devrais vous donner une idée de la situation.

Il y a un truc avec les kangourous qui est très perturbant, c'est un animal censé être gentil, mais il est doté de défenses naturelles très puissantes et avec ça on ne sait jamais dans quel état d'esprit il se trouve.il vous regarde d'un air suffisant qui désarçonne. Content? Pas content? Gentil? Pas gentil?













En conclusion : "quand Kangourou amoureux, lui toujours agir ainsi!"


lundi 22 mars 2010

Qui qu'en veut?

Malgré nos sacs à dos et notre voiture pleins à craquer, malgré notre volonté à ne pas s'encombrer d'éléments inutiles, il est toujours difficile pour nous de passer notre chemin lorsque l'on croise la vitrine d'un antiquaire ou d'un brocanteur. D'ailleurs sachez qu'ici, on appelle ça un "bric-a-brac" (tel quel! Oui oui). Comme vous le savez déjà, la brocante est pour nous ce que la moustache est à la mousse de bière. C'est donc au détour d'un de ces marchand de vieilleries qu'on a trouvé une perle. Je prend les commandes, il y en aura pour tout le monde mais honneur à ceux qui en ont le plus besoin en premier!






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dimanche 21 mars 2010

Un lit pour la douze!! Chapitre 2/3

Seconde étape en attendant notre lit douillet de Broome.

Voilà 5 heures que nous fonçons dans notre bolide à moins de 100 à l'heure. Les cheveux aux vent frais de l'air co, les mains moites collées au volant, les pieds brulant au contact du plancher de la voiture, deux mouches (rescapées du carnage intramuros) font une course relai entre mon œil gauche et la narine droite de Cecile. Dehors? Le cagnard! Un soleil qui cogne, une carcasse de vache qui dessèche sur le bord de la route, une route droite qui n'a pour limite que l'horizon, une route qui fait vibrer au loin un miroir brillant que n'atteindrons jamais.
Soudain, le soleil se couche. Vite, il faut trouver un Endroit pour dormir. Encore 30 km et nous arrivons dans ce qu'on appelle ici une ère d'autoroute. Une étendue aussi plate que le désert qui le jouxte, les spinifex (les touffes d'herbes quoi) en moins. Devant, rien. Derrière, rien. A droite, rien. A gauche l'autoroute. Comme dans le chapitre 1, nous découvrons notre malheur en ouvrant la porte : outre la chaleur (on était prévenu cette fois), une nuée de mouche nous accueille gentillement en nous embrassant sur la bouche (et dans la bouche si possible), dans les yeux (après s'être faufilées par les interstices entre la peau et les lunettes de soleil), dans les oreilles, les narines, enfin sur tout le visage de manière générale.
On s'empresse d'installer la moustiquaire qui nous permettra de laisser le coffre ouvert, d'avoir un peu d'air pendant la nuit, et de pouvoir mieux dormir cette fois. Ah malheur, c'était sans compter sur le ballet des "Road-trains". Cette fois, point de pluie, juste des vagues de vacarme rythmant le passage de ces camions à trois, quatre, voire cinq remorques. Enfin des trains routiers quoi! Le guide parle de 50 mètres de long, mais croyez notre expérience, c'est beaucoup plus que ça. Ce qui l'est encore plus, c'est la distance à partir de laquelle on les entend arriver. Des kilomètres moi je vous dis. Imaginez le silence total, une nuée d'étoiles et au loin à l'horizon, un halo de Lumière. Au debut on croyait que c'était une ville lointaine, mais au premier grondement, on s'est vite ravisés. C'est un peu comme si nous nous retrouvions à camper le long de la piste de décollage des avions DHL. L'enfer! En plus à chaque fois qu'une voiture passe, même si le risque est très relatif, on lève la tête pour voir si c'était pas la police. On s'est bien dis que ça se calmerait dans la nuit. C'est alors que vers les 2 heures du matin dans un vrombissement terrible au milieu d'un nuage de poussière, tel la De Lorean de Marty McFly, surgissant de nulle part, il nous est apparu. Le plus illuminé road-train du monde venant faire une pause à 5 pas de nous. Pas la peine de couper le moteur, Joe Camion n'est là que pour un instant, juste le temps de vérifier que les 92 pneus de son convoi sont tous en bon état. Là, commence la sonate en ré mineur de clé anglaise sur jantes. Magnifique composition nous arrachant à nos songes. Une fois la representation terminée, il repart comme il est venu, et le silence revint. Nos cœurs ont mis le temps de s'en remettre.

Ce matin-ci, je sens que le réveil se fait plus ardu, serait-ce le repas de la veille? Ou notre nuit réparatrice? Malgré cela, le spectacle éblouissant (au sens propre surtout et au figuré ensuite) du lever du jour sur la plaine m'oblige à aller prendre une ou deux photos. Et là, Misère..., quand je pense que 5 mètres devant la voiture, un joli chemin menait tout droit loin de la route, loin de tout risque de se faire chopper par les flics... Ah la dégoute. Et ces mouches....pfff dur dur

La morale? Mieux vaut crever de chaud toutes portes et fenêtres fermées que d'être plus au frais bercés par le doux gazouilli des camions. Mais l'un dans l'autre, on sait quand même pas dormir.

mardi 16 mars 2010

Un lit pour la douze! Partie 1 de 3

Nous voici donc arrivés à Broome, escale incontournable paraît-il, mais on ne sait pas encore très bien pourquoi. Toujours est-il que nous sommes impatients de pouvoir dormir cette nuit dans le vrai lit de notre première chambre d'hôtel depuis plus ou moins deux mois. Mis a part une exception (merci Christi et Dave en Tasmanie), on aura bien éprouvé notre tente et notre voitur-o-couchette. Même si le confort est là, vous allez voir qu'en trois nuits, il est facile de trimballer en plus de notre fatra, quatre nouvelles valises, une sous chaque œil.

Voici donc la première partie, entendez la première nuit.
Nous avions roulé toute la journée en direction de Karijini National Park. Le soir tombant, nous décidons de nous arrêter afin d'éviter une rencontre malencontreuse avec Monsieur kangourou très présent dans la région, et comme je vous l'avais déjà dit, ce gredin ne prévient pas quand il fait son apparition devant les phares de la voiture. A 60 km de la première habitation, nous stoppons au détour d'un minuscule chemin, invisible d'un quelconque Ranger, susceptible de nous débusquer (la chose étant interdite sous peine d'amende salée). En ouvrant la porte de la voiture, on évalua l'ampleur de la nuit atroce qui nous attendait. Une vague de chaleur poussiéreuse s'engouffra dans la voiture, ruinant instantanément une journée d'air co. Trop fatigués par la route, et après avoir cuisiné dans le noir en vitesse, on grimpe dans notre couchette. Et voilà qu'à sept heures et demie, dans le noir le plus complet, nous commençons notre "Lac des Cygnes" à nous; et on se tourne, et on se retourne; dégoulinants de sueur, le matelas brulant, l'air trop lourd paraissant inexistant, on s'endort, on se réveille, il fait toujours noir, on a beau espérer voir poindre le jour, mais rien, il fait soif, il fait lourd, boire un coup, retourner l'oreiller trop chaud et mouillé et on retente une percée du côté du pays des merveilles...plus de 5 heures passent ainsi, lorsque soudain, l'instant fatidique résultant du bon fonctionnement de l'appareil digestif (suite à l'ingestion rapide et importante de liquide dûe à la pression de la température ambiante) : Pipi.
Oui, fatidique car c'est toujours une épreuve de se décider à mettre un pied dehors lorsque l'on sait qu'autour de nous, vivent serpents, tarantules, dingos, mille-pattes et toute une collection de charmants dont les us et coutumes nous sont totalement imprévisibles. A cela il faut ajouter le noir le plus total (car cette nuit là présentait de magnifiques cumulo-nimbus exagérémant opaques), vous imaginez le difficile choix à faire avant d'ouvrir la porte de la voiture. L'inévitable arrive au bout de dix minutes, et, bien que l'on ait visiblement pas dû déranger le moindre spécimen du musée des horreurs naturelles, cette escapade audacieuse nous aura permise de découvrir que, dehors, il faisait sensiblement plus frais. Pas plus d'une minute n'aura été nécessaire pour nous décider à planter la tente. Enfin, juste la première couche (la moustiquaire quoi). La scène est assez épique mais en 3 minutes l'affaire est faite, après avoir tout installé, le temps de retrouver Morphée dans un courant de fraicheur, nous dormons du sommeil du juste. Enfin pour 20 minutes seulement, car les beaux cumulo-nimbus précité ont commencés a jouer des timballes, et a nous montrer de quoi ils étaient fait. Branle-bas-de-combat, serpents ou pas, on fonce prendre le double toit, l'installer pour retrouver notre lit au plus vite. C'est à partir de ce moment, j'ai commencé à gamberger (Cecile ayant déjà déclaré forfait). Il faut savoir que les routes ici sont jonchées de panneaux "floodway" signalant que la région est sujette aux averses menant à des inondations rapides. Vous voyez où je veux en venir et ce n'est que lorsque la pluie s'est arrêtée une heure plus tard, que j'ai pu enfin mettre mes scenarios les plus affreux au plaquard pour m'endormir. Enfin le jour arriva, réveillant dès les premiers rayons de soleil les deux zombies moites que nous étions devenus. Quelle bonheur de pouvoir commencer une journée des 6h, bien reposés, la peau collante, recouvert de poussière rouge.

La morale de l'histoire est qu'en camping si tu ne vas pas faire pipi tout de suite, tu ne fait rien que perdre du temps de sommeil.


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